Discours de François Limoge, Président de l’AJIS, en introduction de la remise du Prix 2008
Monsieur le président Monsieur le directeur Chers partenaires de l’Ajis et interlocuteurs des journalistes sociaux Chères consoeurs et confrères
Je suis heureux de vous accueillir si nombreux pour ce 23e prix Ajis. C’est que ce rendez-vous du début juillet nous tient tout particulièrement à coeur. Il est l’occasion de se souvenir de nos quatre confrères, Marie-France Desgouttes, Martine Godoy, Eric Hassan et Eveline Lance, décédés le 12 décembre 1984 dans un accident d’avion sur l’aéroport du Bourget. Ils revenaient d’un voyage de presse à Turin et Genève, organisé par l’Ajis et l’Afpa, qui perdit également lors de ce drame l’un de ses dirigeants, Jean-Claude Pirot. C’est pourquoi le président de l’Afpa, Jean-François Pilliard, remettra également dans quelques minutes une mention spéciale. Et je ne manquerais pas d’associer à ce souvenir notre confrère Robert Ligneul, qui quelques mois plus tard, n’a pas supporté de survivre à ce crash. Mais ce prix n’est pas seulement un retour sur le passé, il représente également, en distinguant de futurs journalistes sociaux, un coup de projecteur sur l’avenir. Et à ce titre, le cru 2008 s’est révélé riche d’enseignements. Jamais l’écrit n’avait été autant concurrencé par d’autres supports, le reportage multimedia réalisant une entrée tonitruante en se propulsant dans le palmarès dès sa première participation. Autant dire que les jeunes générations ont bien perçu l’évolution de notre métier, ou plus exactement l’apport des nouvelles technologies qu’elles côtoient depuis l’enfance. Et l’Ajis a d’ores et déjà lancé un chantier d’actualisation du règlement de son prix afin d’intégrer cette nouvelle donne. Mais n’en restons pas aux tuyaux, qui obsèdent bien trop nos capitaines de presse, pour aborder ce qui demeure quand même l’essentiel à savoir le contenu. Après le thème unique de la France du chômage, l’année dernière, pour cause de célébration de nos 40 ans, nous sommes revenus en 2008 au cadre plus traditionnel d’un libre choix de sujets embrassant toute la sphère du social. Et cependant, le prix Ajis, comme la mention spéciale, portent tous les deux sur la santé au travail. Peut être une coïncidence, mais plus sûrement la confirmation que cette problématique s’impose enfin comme un enjeu social de premier ordre. Tout juste peut-on regretter qu’il ait fallu les milliers de morts de l’amiante et une série de suicides dans l’automobile pour susciter cette prise de conscience. Le prix Ajis 2008 n’a pas pour toile de fond les chaînes de Flins ou de Mulhouse, mais un secteur qui fait tout autant la fierté de notre économie : le nucléaire. Depuis seize ans, notre électricien national pratique largement la sous-traitance des opérations de maintenance. Et l’article d’Alexandra Colineau nous fait découvrir les conséquences sociales de ce choix économique, avec ces nomades du nucléaire qui vont de centrale en centrale pour effectuer un travail aussi mal payé que dangereux. Comme souvent la sous-traitance est d’abord une sous-traitance du risque. Coïncidence, Martin Boudot et Mathieu Charrier, mention spéciale AFPA et étudiants de l’IUT de journalisme Tours, qui s’est une nouvelle distingué par son engagement dans ce prix, Donc Mathieu Boudot et Mathieu Charrier sont aussi allés enquêter dans le secteur parapublic, en l’occurrence la régie autonome des transports parisiens. Une RATP qui se montre bien peu loquace sur la reconnaissance des maladies professionnelles. Et pour cause, études et témoignages démontrent que la direction cherche à minimiser ce phénomène comme bien d’autres employeurs. Bref, nos deux lauréats conjuguent le journalisme social sur le mode de l’enquête poil à gratter, qui ne se contente pas du discours très policé des services de com, pour aller fouiner dans des arrières cours pas toujours socialement très reluisantes. Un constat plutôt réjouissant à l’heure où certains défendent de curieuses, voire dangereuses, conceptions de notre profession. Voilà, je n’en dirais pas plus car je vous encourage à prendre connaissance du reportage multimedia que vous retrouverez sur notre site et de l’article d’Alexandra qui sera publié cet été dans Libération, grâce à la collaboration de Didier Pourquery, directeur délégué de la rédaction et membre du jury 2008. Je remercie l’Afpa et son président Jean-François Pilliard, de nous suivre depuis de nombreuses années dans cette aventure du prix Ajis. Un grand merci également au directeur du Centre d’Analyse Stratégique, René Sève, qui non seulement nous accueille dans ses locaux depuis très longtemps, mais qui plus est a gentiment accepté de remplacer, au débotté, Laurent Wauquiez pour remettre ce prix Ajis. Le secrétaire d’Etat à l’emploi m’a appelé, ce midi, en me demandant de vraiment l’excuser de son absence, mais les consignes qui venaient de tomber étaient strictes : pas un membre du gouvernement ne devait manquer à la cérémonie de l’Arc de triomphe. Merci de votre attention et je cède donc la parole à M René Sève