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Compte rendu table ronde “Peut-on encore parler d’une politique sociale de gauche ?”

Alors que les dernières semaines ont été marquées par de vifs échanges au sein même de la gauche sur les 35 heures, le travail dominical, les seuils sociaux,… l’AJIS a organisé un débat entre Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’Université d’Aix-Marseille, Pascal Lokiec, Professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, et Julien Icard, Professeur à l’Université de Valenciennes pour savoir si l’on peut « encore parler d’une politique sociale de gauche ? »

Pour Gilbert Cette, poser cette question c’est déjà faire fausse route. « C’est une expression passéiste de ce qui est progressiste, une approche en termes de « conflit de classes ».
Pour Pascal Lokiec, parler de « marqueurs de gauche » a  encore un sens : « protection des salariés contre le licenciement, limitation de la durée du travail, Smic… ». Ce qui est « exagéré » selon lui, c’est une vision rigide du droit du travail, alors « qu’il existe une très nette flexibilité notamment sur les 35 heures ». Selon lui, « le droit du travail est aujourd’hui un bouc émissaire ». 

Un autre débat agite les rangs de la gauche, celui qui vise à opposer l’emploi au  travail, les insiders aux demandeurs d’emploi. « Cette équation lancée par Emmanuel Macron est redoutable », juge Pascal Lokiec. « La protection des salariés serait un handicap pour ceux qui n’ont pas d’emploi. Avec cette logique on peut détricoter tout le droit du travail ». Or, assure-t-il, « le droit du travail est indifférent à la lutte contre le chômage ; ce n’est pas le bon levier ». 

C’est aussi la place que doit occuper aujourd’hui la négociation collective qui est au cœur des discussions. La négociation d’entreprise doit-elle supplanter la loi ?  « La négociation collective a déjà pris une place fondamentale, surtout la négociation d’entreprise», constate Pascal Lokiec. « La négociation collective n’a plus la même fonction protectrice qu’auparavant », renchérit Julien Icard, qui fait notamment référence aux accords dérogatoires et aux accords de maintien dans l’emploi.
Pascal Lokiec exprime des craintes quant à la tentation de permettre à la négociation d’entreprise de se saisir prioritairement de plus en plus de questions et juge dangereux « de laisser la définition des droits des salariés à négociation qui est un compromis et donc un rapport de force».
Pour Gilbert Cette, développer le droit conventionnel permet de rendre les normes du travail plus « lisibles » car élaborées par ceux qui les appliquent. Et Julien Icard de s’interroger : « pourquoi les accords collectifs seraient-ils moins complexes que la loi ? »

Crédit photo : Bernard Domergue

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