Le choc est immense. La sidération laisse place à la colère, à la tristesse. Au silence souvent. Le massacre perpétré au sein de la rédaction de Charlie Hebdo au cours duquel ont été tués des journalistes et des dessinateurs – qui sont pour certains d’entre vous des collègues et amis – nous a profondément bouleversé. Pour longtemps. La cicatrice peinera à se refermer.
Cet événement si tragique nous a rappelé, à nous journalistes, combien cette liberté et cette indépendance que nous revendiquons avec des intonations parfois mal comprises sont si chères à notre démocratie. Combien il nous faut les chérir et les défendre, même si nous ne sommes pas exposés aux mêmes menaces que l’étaient les membres de Charlie Hebdo. L’Ajis continuera coûte que coûte d’affirmer ces valeurs essentielles et non négociables pour que vivent le débat d’idées et la liberté de penser.
Ils s’appelaient Charb, Wolinski, Tignous, Honoré, Elsa Cayat, Bernard Maris, Mustapha Ourrad. Ils travaillaient à Charlie Hebdo. Ils ont été lâchement assassinés. Nous pensons à eux, à leur famille, à leurs amis et collègues. Nous pensons également à Frédéric Boisseau, agent d’entretien, et Michel Renaud, ancien journaliste et ex directeur de cabinet du maire de Clermont, décédés lors de cette odieuse attaque. Nous pensons aux deux policiers morts pour avoir tenté de les sauver, Franck Brincolaro et Ahmed Merabet. Nous pensons à nos confrères gravement blessés et dont nous espérons qu’ils reviendront vite exercer leur métier : Philippe Lançon, Fabrice Nicolino, Riss et Simon Fieschi.
Nous pensons à Clarissa Jean-Philippe, policière municipale tuée à Montrouge jeudi. Nous pensons aux quatre victimes de l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes : Yoav Hattab, Philippe Braham, Yohan Cohen, François Michel Saada.
L’Ajis est une belle communauté, soudée par une même foi en la liberté d’informer. Aujourd’hui, en plus d’être des journalistes sociaux, nous sommes Charlie.
Manuel Jardinaud, président de l’AJIS