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Petit-déjeuner avec Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes

Après le « Plan pluriannuel contre la pauvreté » du précédent quinquennat, à quoi ressemblera donc la « Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté des jeunes et des enfants », promise par Emmanuel Macron ? Un avant-goût en a été donné aux membres de l’Ajis, le 8 février, par Olivier Noblecourt, le délégué interministériel chargé du dossier. Certes, cet ancien maire adjoint de Grenoble ne pouvait dresser qu’un bilan d’étape de sa concertation, qui a été lancée en décembre pour une durée de trois mois. Mais il a déjà pu confirmer un changement « d’angle d’attaque des politiques sociales », avec cette mobilisation qui devrait être lancée mi-mars par le président de la République.

Car si le modèle social français s’est montré « particulièrement robuste » face à la crise, il présente, selon Olivier Noblecourt, trois lacunes. D’abord, il ne permet qu’un endiguement de la pauvreté, plutôt que sa réduction. Ensuite, les ménages avec de jeunes enfants doivent plus souvent faire face à de faibles niveaux de vie. Enfin, un fort déterminisme social fait se reproduire les situations de pauvreté d’une génération à l’autre.

Dès lors, les minima sociaux ne doivent plus constituer « le cœur des politiques publiques », conclut Olivier Noblecourt. Il faut, selon lui, se concentrer sur « la prévention et l’investissement social », et assumer « la priorité aux enfants et aux jeunes ». L’objectif est que chacun ait, dès le départ, un accès similaire à l’éducation, à la formation, à l’emploi.

Et les crèches, à cet égard, pourraient être stratégiques. A quatre ans en effet, un enfant pauvre aurait entendu 30 millions de mots de moins qu’un enfant de milieu favorisé, comme le rappelait déjà Olivier Noblecourt dans un rapport de 2014 pour Terra Nova. Pour combler cet écart, les accueils collectifs devraient profiter davantage aux familles modestes, dont seulement 5 % des enfants en bénéficient aujourd’hui – contre 22 % pour les riches.

Crédit photo : Olivier Bonnin

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