“Je ne serai pas un obstacle pour l’équipe suivante, je ne serai pas dans les coulisses et je n’aurai plus aucune fonction confédérale”, explique Carole Couvert aux journalistes de l’Ajis à la veille du 36e congrès de la CFE-CGC, le 17 mai 2016. La présidente de la CFE-CGC, qui ne briguera pas un nouveau mandat à la tête de l’organisation “à l’insu de [son] plein gré”, se félicite toutefois qu’il n’y ait qu’une seule liste candidate avec François Hommeril comme président dont elle “salue l’engagement”.
Après trois ans de présidence, elle fait le bilan de sa stratégie interne : “confédération connectée au terrain” pour “se frotter à la réalité des syndicats et des chefs d’entreprise”, “rénovation de la gouvernance confédérale” avec des débats sur tous les sujets et “démarches plus participatives” vis-à-vis des adhérents. Le regret principal de ce mandat étant l’échec du changement de nom de l’organisation, selon elle. Elle fait de son refus de signer l’ANI sur le pacte de responsabilité le “premier électrochoc, l’encadrement ne pouvait plus être la variable d’ajustement et nous avons démontré que nous ne signions pas tout”. Un revirement qui avait crispé les relations avec les autres partenaires sociaux : “avec la CFDT, nous sommes concurrents et partenaires”, analyse Carole Couvert, quant au Medef, elle déplore que “Pierre Gattaz n’a pas la même envie de discuter avec toutes les organisations syndicales”.
En termes d’adhésion, Carole Couvert explique que son organisation “a progressé de 3 % par an sur la mandature”, annonçant “147 000 adhérents comptables”, soit une fourchette totale comprise entre 160 000 et 170 000. Un des enjeux étant désormais de “transformer les votants en adhérents”.
Après la mobilisation à l’appel de la CFE-CGC début mai, une “grande fierté”, la présidente de l’organisation estime que “le texte a bougé mais |que] ce n’est pas encore satisfaisant”. Si elle salue “les évolutions qu’il y a eu sur les licenciements économiques ou encore les prud’hommes”, elle veut voir le texte bouger “sur les accords offensifs, le référendum d’entreprise qui est le début du détricotage de la démocratie représentative, la médecine du travail ou encore l’inversion de la hiérarchie des normes.” Sur le forfait jours, il faut aller plus loin sur “les temps partiels ou la mesure de la charge de travail”, explique-t-elle. Quant au CPA, elle veut que soit intégrée la notion de “compte temps” pour “une meilleure conciliation vie professionnelle/vie familiale”. En matière d’assurance chômage, Carole Couvert constate l’opposition “frontale” entre syndicats et patronats dans la négociation en cours, les premiers revendiquant “la surtaxation des contrats courts et de l’intérim” et les seconds refusant toute augmentation des recettes. “J’espère que cela pourra aboutir, car si tel n’est pas le cas, cela ne sera pas un bon signal pour le dialogue social”, prévient-elle, faisant d’une éventuelle prolongation d’un an de la convention de 2014 “un moindre mal”.
Voici la dédicace laissée par Carole Couvert sur le Livre d’Or de l’AJIS à l’issue de la rencontre :
« Merci à l’AJIS pour l’organisation de ce rendez-vous de bilan des 3 ans que j’ai passés à la tête de la CFE-CGC. Nos échanges ont toujours été constructifs et c’est particulièrement agréable.
In fine nous ne sommes pas toujours d’accord mais c’est aussi cela un dialogue social intelligent et responsable.
Bonne continuation à vous tous
Et Bravo pour ce que vous faites au quotidien car votre univers est en mouvement permanent !
A très bientôt !
Carole Couvert
Président de la CFE-CGC »
Photo : Jérôme Lepeytre